NC032
Massifs du Grand Sud - entre le mont Humboldt et la rivière Bleue


Site description (2012 baseline):

Site location and context
Cette IBA est la plus vaste IBA terrestre de Nouvelle-Calédonie et recouvre à elle seule un quart de la nappe de charriage du Grand Sud, un quart de la plus importante région sur roches ultrabasiques de Nouvelle-Calédonie. L’intégralité du sous-sol ou presque est constituée de péridotites, à de très rares exceptions comme le bassin de la rivière Kouakoué qui est lui sur serpentines. Le relief de la zone est très marqué, entaillé par de profondes et abruptes vallées, aux pentes souvent très fortes, quasiment inaccessibles. Ces vallées s’orientent pour la plupart d’est en ouest. Les limites de l’IBA englobent les sources de nombreuses rivières de cette partie de la Grande Terre dont la Dumbéa, qui alimente la région de Nouméa en eau potable, les rivières Bleue et Blanche qui forment les artères du Parc provincial de la Rivière Bleue et alimentent le lac de Yaté mais également les rivières Ouinné, Ni et Pourina qui sont parmi les rivières les plus belles et sauvages de Nouvelle-Calédonie. Le point culminant de l’IBA est le Mont Humboldt à 1 618 mètres. Le couvert forestier est très inégal et se développe de façon privilégiée sur les hauteurs des reliefs, en deux massifs boisés assez distincts séparés par la rivière Ouinné : autour du Kouakoué et entre les monts Dzumac et la rivière Pourina. Dans les talwegs et vallées, les forêts humides à kaoris (Agathis sp.), Houp (Montrouziera cauliflora) et Chêne gomme (Arillastrum gummiferum) dominaient autrefois avant qu’une exploitation forestière intensive et l’action des incendies pendant des centaines d’années ne fassent leurs actions aux effets dévastateurs. Sur les pentes s’imposent des formations à Casuarinacées ou à Agathis ovata, souvent en peuplements monospécifiques. Localement, aux plus hautes altitudes, s’est individualisée une forêt à Hyménophyllacées, plus couramment appelée « forêt à mousses » dont la strate supérieure ne dépasse pas 10-12 mètres et dont le sous-bois est occupé par de nombreuses bryophytes et ptéridophytes épiphytes. Partout ailleurs des maquis édaphiques ou résultant de la destruction des forêts couvrent les substrats ultramafiques. C’est avant tout au nord ouest et au sud ainsi que sur les piémonts que ces maquis sont les plus abondants.

Key biodiversity
Cette IBA a fait l’objet d’une importante prospection avec 169 points d’écoute récemment parcourus ainsi que plusieurs missions scientifiques et le travail permanent des ornithologues du Parc provincial de la Rivière Bleue. Sur un total de 40 espèces dénombrées, 26 ont une répartition restreinte mais surtout, les 19 espèces endémiques terrestres de la Grande Terre y sont présentes puisqu’il s’agit de la seule région d’occurrence certaine du Méliphage toulou (Gymnomyza aubryana). Dix-huit sous-espèces endémiques peuvent également être rencontrées dans l’IBA. Les 2 espèces de pétrels connues pour nicher sur les reliefs de la Grande Terre sont également reproductrices sur la zone avec tout particulièrement la plus grande population connue du Pétrel calédonien (Pterodroma leucoptera neocaledonica). L’IBA abrite par ailleurs le plus important noyau de population de Cagou au sein du Parc provincial de la Rivière Bleue. Le Méliphage toulou constitue l’intérêt principal de l’IBA puisque celle-ci est la seule zone connue où la reproduction de l’espèce, en danger critique d’extinction (CR), est avérée. Ses populations, dont les effectifs sont approximativement estimés et la répartition imprécise, restent très certainement faibles. A l’heure actuelle, il est également impossible d’évaluer leur tendance et difficile de préciser la nature des menaces qui touchent l’espèce. L’IBA est également le bastion d’espèces comme l’Echenilleur de montagnes ou la Perruche calédonienne. Les autres espèces endémiques y sont présentes mais leur fréquence n’est pas remarquable au regard de ce qu’elle est dans les massifs forestiers sur terrains volcano-sédimentaires. A noter par exemple l’extrême rareté du Ptilope vlouvlou (pigeon vert) ou la faible présence du notou. Enfin l’inaccessibilité de certains secteurs fait de ces forêts un site susceptible d’accueillir encore des individus des espèces en danger critique d’extinction dans des secteurs jamais parcourus par l’homme ou presque. D’ailleurs, en 1998, c’est à l’ouest du Kouakoué que fût furtivement observé l’Egothèle calédonien, par la mission Diadema. Il n’a malheureusement plus jamais été contacté ensuite mais il pourrait encore survivre dans des forêts similaires de la région.

Non-bird biodiversity: Cette vaste IBA a fait l’objet de nombreuses études ciblées sur un grand nombre de taxons tant animaux que végétaux. Il serait long d’en faire ici la synthèse. Toutefois, dans le cadre d’une réflexion sur la gestion de cette IBA, il sera important d’en compiler les résultats pour hiérarchiser les priorités d’actions à l’intérieur de cette vaste zone.



Pressure/threats to key biodiversity
Human disturbance and direct harvesting of seabirds are listed as threats to 26 and 23 of the 97 globally threatened seabirds respectively (Croxall et al. 2012). For Near Threatened and Least Concern species it is likely that human disturbance and consumption affect an even greater proportion, particularly of tropical species, for which major reductions in populations and/or breeding sites are increasingly indicated but seldom quantified, especially across the whole range of the many wide-ranging tropical seabird species (Croxall et al. 2012). Human disturbance (such as recreational activities or forestry work) may occur at this site. The sustainability of such harvests is unknown but it may represent a threat to this population. Invasive Alien Species represent the greatest threat to seabirds globally (Croxall et al. 2012), causing adult mortality and reduced productivity owing to egg and chick predation. Alien Invasive Species are known to be present, including rats and feral pigs (Spaggiari et al. 2007). Polynesian Rat and Feral Pigs have been recorded predating adult seabirds as well as eggs and chicks (Kepler 1967, Spaggiari et al. 2007). They have precipitated island extinctions in small-bodied, ground-nesting seabirds, but their impacts on larger or arboreal nesting seabirds appear to be lower (Atkinson 1985, Jones et al. 2008). Black Rat, Brown Rat, Feral Cat and Feral Goat are all plausible but unconfirmed residents. Each can potentially cause declines in seabird colonies, and ungulates can exacerbate the threat from other invasive mammals through habitat modification (Atkinson 1985, Rodríguez et al. 2006, Jones et al. 2008, Duffy 2010). Feral pigs are known to be causing severe damage to the forest habitat, and are also known to predate on petrels in their burrows (Spaggiari et al. 2007). Overall, a range of invasive mammals are known to be present and are having a limiting effect on seabirds, or causing population declines. Human disturbance and direct harvesting of seabirds are listed as threats to 26 and 23 of the 97 globally threatened seabirds respectively (Croxall et al. 2012). For Near Threatened and Least Concern species it is likely that human disturbance and consumption affect an even greater proportion, particularly of tropical species, for which major reductions in populations and/or breeding sites are increasingly indicated but seldom quantified, especially across the whole range of the many wide-ranging tropical seabird species (Croxall et al. 2012). Direct harvesting or incidental hunting when targeting other species (such as deer and pig) may occur at this site. The sustainability of such harvests is unknown but it may represent a threat to this population. Seabirds are highly visually oriented and known to become disorientated at night in the presence of artificial light (Bruderer et al., 1999). On archipelagos worldwide, thousands of fledglings of different petrel species are attracted to artificial lights during their first flights from nest-burrows to the sea, a phenomenon called ‘fallout’ (Reed et al. 1985, Telfer et al. 1987, Le Corre et al. 2002, Rodríguez & Rodríguez 2009, Miles et al. 2010, Rodrigues et al. 2011). Grounded birds are vulnerable to starvation, predation, dehydration and collision with vehicles. The prevalence of this potential threat at this site is not known but it may be having a negative impact. Les enjeux de cette IBA s’articulent essentiellement autour de la préservation des deux espèces emblématiques que sont le Méliphage toulou et le Cagou huppé ainsi que la population majeure de Pétrel calédonien. Mais c’est avant tout le Méliphage toulou qui doit focaliser l’attention puisque il s’agit sans doute de l’espèce terrestre la plus vulnérable de Nouvelle-Calédonie. La première étape serait donc de compléter la connaissances de l’espèce en collaboration avec le personnel de la DRN qui possède déjà des données nombreuses et fiables sur l’oiseau mais localisées sur le Parc provincial de la Rivière Bleue : préciser sa distribution, estimer ses effectifs et en suivre l’évolution, effectuer une surveillance ciblée de nids à la fois dans le parc et en dehors pour évaluer l’impact des rats en fonction de l’habitat, apporter un complément de données sur l’écologie de l’espèce et les facteurs pouvant influencer sa répartition. Pour le Cagou et le Pétrel calédonien la situation semble plus simple. Le premier est essentiellement concentré sur le parc où il est bien protégé, peu menacé et bien connu. En dehors du parc, il ne semble exister que de petites populations très localisées, peu de forêts semblant lui convenir aussi bien que celles des vallées des rivières Bleue et Blanche. La vigilance reste de mise cependant car cette population extrêmement dense et restreinte à un périmètre géographique relativement limité pourrait s’avérer vulnérable à certaines catastrophes naturelles ou non, incendies, épizooties … Le second, dont les principales colonies sont bien identifiées et localisées, est directement sous la menace des rats et des incendies qui pourraient réduire à néant les sites de nidification et mettre en péril la survie de l’espèce sur le territoire. L’activité minière reste d’actualité avec l’existence de nombreuses concessions minières à l’intérieur même de la zone et l’ouverture prochaine d’une de ces concessions à l’exploitation, à l’est du bassin versant de la Kouakoué. De par le passé, les intenses prospections minières ont modelé une bonne partie du paysage, notamment par l’utilisation fréquente du feu pour faciliter l’accès. Ces pratiques sont supposées être à l’origine d’une majeure partie des immenses superficies de maquis qui se développent au cœur de la chaîne, là où, auparavant, devait s’épanouir la forêt humide. Par le passé, l’exploitation forestière a eu, elle aussi, des effets désastreux, en conduisant à la quasi disparition les grandes forêts à Chêne gomme ou à Houp et kaoris. Aujourd’hui, elle n’est plus pratiquée sur l’IBA. Une bonne connaissance des espèces les plus menacées est impérative et doit permettre d’orienter ces projets, dans leur phase de préparation, de manière à minimiser leur impact sur la biodiversité. Le relief accidenté, la rareté des voies de communication rendent l’accès à la plupart des secteurs de l’IBA suffisamment difficile pour les mettre à l’abri d’une surfréquentation par les chasseurs. Cependant, localement, le long des quelques routes carrossables qui pénètrent dans la zone ou à proximité des régions habitées, l’activité de chasse peut être plus importante voire forte. C’est le cas dans la vallée de la Thy, autour des monts Dzumac et Ouin (accès par la piste des Dzumac depuis Dumbéa) et, dans une moindre mesure, dans les parties inférieures des vallées de la Pourina, de la Ouinné et de la Ni. Globalement c’est surtout autour des espèces menacées que devront donc se construire les actions à mener et une grande vigilance devra être de mise dans le suivi de leurs populations et des menaces, au rang desquelles les incendies paraissent à surveiller tout particulièrement. L’exemple catastrophique de l’incendie de la montagne des Sources en 2005-2006 illustre parfaitement la mesure de cette menace.


Recommended citation
BirdLife International (2024) Important Bird Area factsheet: Massifs du Grand Sud - entre le mont Humboldt et la rivière Bleue (New Caledonia (to France)). Downloaded from https://datazone.birdlife.org/site/factsheet/massifs-du-grand-sud--entre-le-mont-humboldt-et-la-rivière-bleue-iba-new-caledonia-(to-france) on 25/11/2024.