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Site description (2007 baseline):
Site location and context
Ouvéa est l’île la plus nord-ouest de l’archipel des Loyauté. Sa superficie est de 132 km² pour une population de 5,100 habitants (d = 38,6 hab/km² soit la plus forte densité de Nouvelle-Calédonie). C’est un ancien atoll annulaire en grande partie immergé fermé à l’ouest par le chapelet des Pléiades du nord et du sud, et à l’est par l’île principale, en forme de croissant, étranglée en son milieu. Le relief culmine à 46 m et décline depuis la côte rocheuse et les falaises de l’est, jusqu’aux cordons dunaires portant habitations et cultures et une plage de sable immense et ininterrompue à l’ouest. Un grand marais d’arrière dune s’étend au nord de Saint Joseph. Le climat est caractérisé par une faible amplitude thermique autour d’une moyenne de 24°C et une pluviométrie annuelle de 1260 mm. La forêt primaire est composée d’une strate homogène formée d’arbres de dix à vingt mètres, où dominent Syzygium pseudopinneatum, Intsia bijuga, Manikara dissecta, Mimusops elengi, Aglaia eleagnoldea, des Ficus, Diospyros, Cycas et des lianes. Le sol irrégulier, avec des blocs et des affleurements calcaires est couvert de fougères. La végétation de la couronne récifale est en partie de même composition, et d’autant plus courte qu’elle est proche du bord de mer et soumise aux vents.
Les milieux anthropisés comprennent les habitations des tribus, de vastes cocoteraies sur la côte et jusque profondément en forêt, les jardins mélanésiens en cours de culture ou en jachères plus ou moins anciennes, situés autour des tribus et en pleine forêt. De larges pistes parcourent forêts, cultures et villages. La limite entre forêt naturelle intacte et les forêts secondaires régénérées est d’autant plus difficile à distinguer que les activités humaines ont un peu partout laissé des traces d’occupation. Ces différents types de végétation se trouvent souvent mêlés en une mosaïque de milieux, mais Ouvéa se distingue par une grande forêt nord (Teuta-Goosana-Ohnyot) et sud (Hwaadrila, Hulup), cette dernière ayant en partie brûlé dans les années 1930. Elle a été recolonisée par une végétation secondaire (Acacia spirorbis). La cocoteraie d’Ouvéa, sénescente, est très étendue et a largement empiété sur la grande forêt.
Les inventaires conduits à Ouvéa essentiellement en octobre 2001 sur 212 points d’écoute dans tous les milieux, ont permis d’identifier 42 espèces dont 29 terrestres nicheuses. Toutes les espèces terrestres nicheuses sont communes avec des fréquences d’occurrence élevées tant pour les huit sous espèces endémiques (de 26 % des points pour le Zostérops à 82 % des points pour la Gérygone), que pour les deux espèces à répartition restreinte.
La Perruche d’Ouvéa, espèce endémique de l’île d’un genre endémique de la Nouvelle-Calédonie, contactée sur 12,4 % des points, tous en forêt humide fait exception. C’est une espèce peu commune et inféodée à la grande forêt, aux jachères et bords de pistes pénétrant en forêt. Elle est classée en danger critique d’extinction et subit des menaces diverses.
Autre espèce rare (mais à large répartition et sans statut UICN), l’Hirondelle du Pacifique qui nichait dans l’église de Saint Joseph jusqu’à ce que celle-ci soit restaurée (vers 2003). Citons également le Pigeon à gorge blanche, également rare, soit qu’il est en marge de son aire de répartition, soit plus probablement qu’il est trop chassé.
Hormis le Loriquet à tête bleue, il est remarquable qu’aucune espèce d’oiseau exotique ne soit établie à Ouvéa (ni d’ailleurs sur les autres Loyauté) alors qu’il y en a 14 en Grande Terre.
Dans les marais du nord de Saint Joseph niche le Canard à sourcils, et dans les bas fonds humides le Râle tiklin et sans doute les Talève sultane et Marouette fuligineuse.
Ouvéa abrite une belle colonie de Puffins du Pacifique le long de la route au sud-ouest du pont de Lekiny dont les oiseaux sont malheureusement victimes des véhicules circulant sur la route qui la longe. Elle héberge également deux couples de Faucons pèlerins, sous espèce nesiotes endémique de la région, sur les falaises du Cap St Hilaire et celles des Pléiades nord.
Les oiseaux côtiers et de mer, nicheurs, erratiques ou migrateurs sont assez bien représentés en diversité et effectifs.
Aucun oiseau étranger à la Nouvelle-Calédonie n’est présent et nicheur à Ouvéa, mais le Loriquet à tête bleue Trichoglossus haematodus deplanchei a été introduit dans les années 1970 de la Grande Terre. Il est implanté et commun depuis la fin des années 90 dans les cocoteraies et zones habitées de l’ouest de l’île. Notons qu’en novembre 2004, un Etourneau sansonnet Sturnus vulgaris, probablement erratique depuis la Nouvelle-Zélande, a été observé sur la piste de l’aérodrome d’Ouvéa.
Non-bird biodiversity: Ouvéa est réputée être l’« Ile la plus proche du paradis » et il est vrai qu’elle dispose d’atouts naturels et touristiques remarquables. Le spectacle du coucher de soleil depuis le pont de Lekiny, sous lequel passent tortues et grosses carangues est très prisé. Son immense plage (il n’y en a qu’une … longue de 40 km) est exceptionnelle comme le sont églises et temples aux architectures variées se défiant les unes les autres et qui s’échelonnent le long de la côte. Le Cap Saint Hilaire, avec sa falaise érodée est un superbe site naturel. C’est le cas aussi des Pléiades, ce chapelet d’îles qui s’étirent comme des queues de comètes accrochées aux pointes nord et sud d’Ouvéa.
Parmi les espèces animales, les roussettes sont assez communes et vont jusqu’à Beautemps-Beaupré, un archipel distant de 40 km de la grande île. Le Crabe de cocotier est présent, mais comme toutes les ressources consommables, il est surexploité. Ouvéa dispose également de peuplements importants de Santal Santalum austrocaledonicum.
Pressure/threats to key biodiversity
Parmi la faune, roussettes et Pigeon à gorge blanche Columba vitiensis sont chassés toute l’année, en dépit de la réglementation. La rareté de cet oiseau (3 % des points) est peut-être à mettre en relation avec la pression de chasse. Le suivi de l’évolution de ses effectifs et une sensibilisation auprès des populations se justifieraient.
Mais c’est sans conteste la Perruche d’Ouvéa qui doit être l’objet d’une attention particulière au sein de cette IBA.
Plusieurs actions ont déjà été entreprises la concernant
1- Effort de sensibilisation
Une association a été créée au début des années 1990, l’Association pour la sauvegarde de la Perruche d’Ouvéa (ASPO) qui regroupe des coutumiers, des scientifiques et des techniciens de l’administration provinciale. Elle réalise, distribue et appose autocollants et affiches et édite un bulletin « Baginy » qui vulgarise les connaissances scientifiques et fait régulièrement le point des actions entreprises pour la conservation de l’oiseau. Elle organise régulièrement des séminaires pour mettre en place et décider d’un plan de sauvegarde de la Perruche.
2- Etudes et suivi des populations
Un travail important a été conduit par O. Robinet (1997-2003) pour améliorer les connaissances sur la biologie et l’écologie de l’oiseau, évaluer les menaces et promouvoir des actions de conservation.
Etat des populations : En 1993, la population était estimée à 617 individus (entre 274 et 996), répartie essentiellement dans le nord, mais aussi dans l’isthme et le sud. Elle vit et niche dans la grande forêt (estimée à 6 600 ha) et en bordure de celle-ci (où elle se nourrit de papayes, piments, etc.). Trois séries de recensements effectués depuis par l’ASPO et la SCO sur transects dans le nord (25 km) et le sud (27 km) ont montré que la population était bien portante dans le nord, encore faible, mais en augmentation dans le sud. Ce suivi va se poursuivre, notamment pour mesurer l’impact des menaces et des actions de conservation sur les populations.
Menaces : la fourmi électrique (Wasmannia auropunctata) est présente depuis 1993. Le Boa Candoai bibroni natif ou plus probablement introduit à une époque reculée, peut attaquer les couvées, tout comme l’Autour australien Accipiter fasciatus peut capturer les jeunes à la sortie du nid qui se nourrissent en terrain découvert (bords de pistes, jachères). Le Rat noir est une menace potentielle. Il est absent d’Ouvéa, mais pourrait y être introduit accidentellement. Plus préoccupante encore est l’apparition de l’abeille, introduite à Ouvéa au milieu des années 1990 pour développer un petit artisanat et qui, faute de soins s’est répandue dans la nature. Les premiers essaims occupant les trous des arbres, sites de nidification des perruches ont été observés en 1999. La population d’abeilles est en cours d’extension rapide sur Ouvéa, ce qui va limiter sérieusement le nombre de sites de nidification disponibles et le succès de reproduction de la Perruche. Autres menaces enfin directement liées à l’homme : la capture au nid et le trafic de jeunes perruches et la destruction des forêts, notamment par le feu ou pour la plantation de cocotiers.
3- Actions de conservation
Protéger la Perruche, c’est certainement aussi protéger l’ensemble de la biodiversité d’Ouvéa. Concernant la Perruche, un plan de sauvegarde a été édicté par l’ASPO (Verfaille 2003) couvrant la période 2003-2008. Il comporte 10 points :
Evaluation de la taille de la population et suivi dans le temps
Lutte contre le trafic
Mise au point de l’élevage en captivité
Protection et restauration de l’habitat
Gestion des sites de nidification
Translocation
Prévention et contrôle des prédateurs et compétiteurs
Etude taxonomique
Réglementation
Sensibilisation du public
Actuellement l’effort essentiel est consenti pour compléter le suivi de l’état des populations, ainsi que pour entretenir un dispositif anti-rat sur le warf et à l’aéroport. Il consiste également à repérer les essaims d’abeilles et les traiter par un insecticide. La confection et la pose de nichoirs artificiels de formes et tailles diverses est également une priorité : leur adoption par les perruches permettrait une surveillance et une lutte plus efficace contre les abeilles. L’ensemble de ces décisions et de ces mesures sont prises en étroite concertation avec les chefs coutumiers qui ont une conscience forte de l’originalité et de la valeur patrimoniale de leur Perruche et de la nécessité de la protéger.
Recommended citation
BirdLife International (2024) Important Bird Area factsheet: Île d'Ouvéa (New Caledonia (to France)). Downloaded from
https://datazone.birdlife.org/site/factsheet/île-douvéa-iba-new-caledonia-(to-france) on 23/11/2024.