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Site description (2007 baseline):
Site location and context
Le pic Ningua culmine à 1 343 mètres, son imposante silhouette dominant toute la région située entre Boulouparis et Thio. Il fait office de frontière entre les bassins versants des rivières Nakaré au nord et Kwé Hwaa au sud se déversant toutes les deux vers l’ouest, dans la rivière Thio. Il s’agit d’un massif péridotitique aux reliefs marqués, aux pentes fortes, s’orientant au nord-est, au nord-ouest et au sud. L’IBA englobe l’essentiel des forêts du massif qui se développent en deux zones distinctes : une calotte sommitale et un ensemble de talwegs et de pentes vers le sud. Au nord, les limites de l’IBA longent les forêts suivant la courbe de niveau des 900 mètres. A l’inverse, au sud, ces limites épousent le cours de la rivière Kwé Hwaa à moins de 300 mètres d’altitude.
La calotte est constituée d’une forêt humide homogène de faible hauteur, ne dépassant que rarement 15 mètres, sur laquelle a été établie la réserve spéciale botanique du pic Ningua. Les faciès sont variés en fonction du gradient d’humidité. L’hygrométrie maximale au sommet permet l’établissement d’une forêt à mousses et lichens sur et autour des crêtes terminales. Les forêts des pentes sud sont plus hautes, morcelées et entrecoupées de savanes à niaoulis et maquis, tendant vers des forêts à caractère mésophile aux plus faibles altitudes.
Le massif du pic Ningua a depuis très longtemps fait l’objet d’intenses campagnes de prospection et d’exploitation minière. Aujourd’hui encore, la mine du camp des Sapins est une des plus importantes de Nouvelle-Calédonie et l’IBA est traversée par les pistes d’accès et constellée d’anciens fronts miniers.
Seules les forêts sommitales ont pu faire l’objet d’inventaires avifaunistiques avec 13 points d’écoute au cœur et en lisière du couvert forestier. C’est également dans ces forêts qu’une étude de l’écologie du Cagou (Rhynochetos jubatus) a été réalisée par G. Hunt entre 1992 et 1995 et que ce dernier documenta, pour la première fois, un cas d’attaque de ce même Cagou par des chiens errants.
Le Cagou constitue donc l’intérêt principal de l’IBA du pic Ningua, le site étant identifié en 1992 par G. Hunt comme abritant une des 19 populations d’importance (plus de 10 individus chanteurs) localisées sur l’ensemble de l’île. Ce sont ainsi 20 oiseaux qui avaient pu être contactés en août 1991. Une écoute matinale en octobre 2005, dans le même secteur n’a permis d’écouter que quatre Cagous. Difficile de tirer quelques conclusions que ce soit de ces données mais une population isolée comme celle du pic Ningua pourrait être amenée, soumise à de trop fortes pressions extérieures, à s’éteindre rapidement.
Des témoignages font également état de la présence de Cagou sur les pentes sud de l’IBA, au-dessus de la tribu de Saint-Maurice (Koua).
Au total, l’IBA héberge un minimum de 28 espèces dont 20 à répartition restreinte. 14 de ces espèces sont endémiques et 12 sont représentées par des sous-espèces endémiques.
Il est à noter l’omniprésence intéressante de passereaux endémiques inféodés aux sous-bois qui traduit probablement un bon état de conservation des strates basses des forêts.
Le notou (Ducula goliath) est bien présent mais les autres Columbidés sont peu communs. Seule la Perruche calédonienne a pu être observée, la Perruche cornue semblant absente.
Les forêts sommitales paraissent assez pauvres dans leur ensemble, aucune espèce n’est réellement abondante. Elles abritent malgré tout un échantillon non négligeable de l’avifaune endémique calédonienne, en particulier cette population de Cagou très vulnérable.
Non-bird biodiversity: Déjà très fragmenté, isolé des grandes régions boisées, le couvert forestier de cette IBA est sous la menace directe de l’exploitation minière qui, bien que localisée au sud de la zone, n’en reste pas moins omniprésente dans le secteur. L’est de l’IBA est traversé par la piste donnant accès au camp des Sapins où est entreposé le matériel nécessaire à l’extraction du minerai. L’emprise des multiples pistes et des installations sur les maquis est importante mais ne touche que peu les forêts adjacentes. Cependant, une parcelle située au sud-est de l’IBA a d’ores et déjà été exploitée, dominant des talwegs boisés et laissant craindre des impacts non négligeables en terme d’érosion. Il est à noter finalement qu’une vaste partie est des forêts sommitales est sous concession minière et pourrait être, à plus ou moins long terme, visée par l’exploitation du nickel.
Au-delà des impacts directs liés à la destruction des habitats, la création des pistes de prospection et d’accès aux zones exploitées a entraîné une importante augmentation de la fréquentation humaine (activité de chasse accrue) et a facilité la pénétration des mammifères introduits envahissants dans l’IBA, avec toutes les conséquences potentielles que l’on connaît. Nous pensons tout particulièrement aux impacts catastrophiques que peuvent avoir les chiens errants et les chiens en action de chasse (des chasseurs semblent fréquemment parcourir la zone) sur la population de Cagou qui survit encore dans ces forêts.
De même, l’activité de chasse a fortement augmenté depuis l’ouverture du massif aux véhicules et les populations des espèces de Columbidés, et tout particulièrement de notous, sont très certainement soumises à une pression importante aux abords des pistes et dans les forêts proches.
Le Cochon sauvage (Sus scrofa) est omniprésent dans les zones boisées de la calotte sommitales où il occasionne des dégâts sévères au sous-bois, retournant systématiquement le sol sur des dizaines de mètres carrés parfois. Son impact sur la régénération de la végétation n’est donc pas négligeable dans ces zones sensibles de par leur caractère isolé. Le Cerf rusa (Cervus timorensis) est partout présent autour de la calotte mais peu abondant et son impact semble moindre.
Les actions de conservation devront essentiellement se tourner vers la préservation de la faible et vulnérable population de Cagou, par un travail de sensibilisation des maîtres d’œuvre de l’exploitation minière visant à mieux encadrer l’activité (création de piste, zones à exploiter, à prospecter…), une meilleure gestion de l’activité de chasse et une régulation éventuelle des espèces introduites, à commencer par le cochon, possible prédateur des jeunes Cagous et probable compétiteur de l’espèce.
Recommended citation
BirdLife International (2024) Important Bird Area factsheet: Pic Ningua (New Caledonia (to France)). Downloaded from
https://datazone.birdlife.org/site/factsheet/pic-ningua-iba-new-caledonia-(to-france) on 23/12/2024.