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Site description (2007 baseline):
Site location and context
Ces forêts comptent parmi les plus sauvages de la Martinique. Elles comportent des secteurs qui ont échappé à toute modification anthropique profonde et quelques secteurs de forêt primaire. Il s’agit de l’un des derniers vestiges de la forêt sempervirente saisonnière tropicale (forêt mésophile) en Martinique. C’est aussi l’un des derniers sites aux Petites Antilles à présenter un étagement forestier complet, allant du littoral jusqu’au sommet des massifs volcaniques.
Localisée dans l’extrême Nord de l’île de la Martinique, cette IBA couvre une superficie d’environ 9260 ha. Le massif forestier regroupe la Montagne pelée (1395 m) et plusieurs pitons comme le Piton Marcel (897 m) ou le Piton Mont Conil (1026 m), et se prolonge jusqu’à la mer. Le relief y est très marqué et le réseau hydrographique très dense, est alimenté par de très importantes précipitations (2 à 4 m par an et jusqu’à 10 m au sommet de la Montagne Pelée).
Une grande diversité de milieux composent cette IBA en majeure partie forestière : savanes, milieux aquatiques et marins, milieux littoraux, jardins créoles, pâtures, cultures, etc.
Environ une centaine d’espèces nicheuses ou migratrices fréquentent l’ensemble des milieux inclus dans cette IBA. La majorité sont des espèces forestières dont
17 des 18 espèces à distribution restreinte présentes en Martinique :
Icterus bonana qui est endémique à la Martinique et menacé (statut IUCN : vulnérable),
Cyanophaia bicolor (endémique à la Martinique et à la Dominique),
Cinclocerthia gutturalis (endémique à la Martinique et à Sainte Lucie),
Geotrygon mystacea, Chaetura martinica, Eulampis jugularis, Eulampis holosericeus, Orthorhyncus cristatus, Contopus latirostris, Myiarchus oberi, Cinclocerthia ruficauda, Margarops fuscus, Margarops fuscatus, Myadestes genibarbis, Loxigilla noctis, Euphonia musica, et Saltator albicollis .
Aucune donnée sur la taille des populations ne peut-être fournie faute d’études appropriées. Ce massif héberge certainement, par la qualité et l’étendue de ses habitats, parmi les plus grosses populations d’oiseaux forestiers à répartition restreinte de la Martinique.
Patagioenas leucocephala (NT) est certainement présent selon les témoignages des chasseurs qui tirent cette espèce de plus en plus rare en Martinique.
L’îlet La Perle héberge une petite colonie d’oiseaux marins dont
Sterna anaethetus et
Anous stolidus et le littoral héberge de nombreux couples de
Nyctanassa violacea.
Il s’agit d’un site où pourrait encore se rencontrer la sous-espèce
Megaceryle torquata sctictipennis. Cette sous-espèce est devenue très rare en Martinique. Il s’agit d’une sous-espèce endémique à la Martinique, à la Guadeloupe et à La Dominique.
Non-bird biodiversity: Selon MACE, (Réserve Biologique Intégrale de la Montagne Pelée, ONF, 2006), « La présence dans ce massif forestier d'espèces floristiques endémiques ou rares en font un conservatoire génétique de premier ordre ».
Selon cette même étude « au niveau des étages tropicaux supérieur et sommital où se situe la forêt de la Montagne Pelée […], sur un total de 165 espèces arborescentes indigènes […] 69 sont endémiques de la Martinique et des Petites Antilles. La forêt de ces étages à la Martinique est donc une formation végétale unique au monde pour plus du quart des espèces arborescentes » […].
Toujours selon cette étude, il s’avère que près de 100 espèces sont considérées comme très rares, rares ou assez rares et sept espèces susceptibles d'être présentes dans la forêt de la Montagne Pelée sont ainsi protégées : le Ti-coco (Syagrus amara), le Châtaignier-petit coco (Sloanea dussii), le Laurier-falaise (Aniba ramageana), le Bois-noyau (Prunus pleuradenia), le Bois-de-sept-ans, (Meliosma hebertii martinicensis), le Bois-pilori (Turpinia occidentalis) et le Bois-l'épreuve (Ternstroemia elliptica).
Parmi la faune, au moins 7 espèces protégées de chauve-souris y sont inventoriées : Noctilio leporinus mastivus, Artibeus jamaicensis, Natalus stramineus, Molossus molossus, Tadarida brasiliensis, dont 3 espèces ou sous-espèces endémiques : Sturnira lilium (endémique aux Petites Antilles et la sous-espèce S. l. zygomaticus est endémique à la Martinique), Brachyphylla cavernarum (endémique à la Caraïbe), et Myotis martiniquensis (endémique à la Martinique et à Barbade).
Cette IBA abrite également 5 autres espèces ou sous-espèces animales endémiques à la Martinique : un coléoptère endémique des Antilles Dynastes Hercules reidi (sous-espèce de Martinique et de Dominique) qui est menacé, la mygale Avicularia versicolor, le serpent Bothrops lanceolatus et 2 sous-espèces de reptiles Sphaerodactylus vincenti, et Anolis roquet.
La forêt du littoral héberge l’une des rares populations d’iguanes des Petites Antilles (Iguana delicatissima).
Deux espèces de tortues marines viennent pondre sur les plages (Eretmochelys imbricata et Dermochelys coriacea), ou s’alimentent le long de la côte (Eretmochelys imbricata et Chelonia mydas).
Ce massif est étagé en plusieurs types d’habitats forestiers suivant l’altitude notamment. Seule la végétation dominante est décrite.
-La forêt littorale à
Coccoloba uvifera, Hippomane mancinella, Thespesia populnea, et Terminalia catappa.
-La forêt sempervirente saisonnière tropicale à
Inga laurina, Calophyllum calaba, Tabernaemontana citrifolia, Manilkara bidentata, et Lonchocarpus violaceus.
-La forêt ombro-sempervirente saisonnière tropicale à
Guarea macrophylla, Stylogine canaliculata, et Quararibea turbinata.
-La forêt ombrophile tropicale de basse montagne insulaire à
Chimarrhis cymosa, Stercularia caribaea, Sloanea massoni, Talauma dodecapetala, Prestoea montana Tovomita plumieri, et Cordia reticulata.
-La forêt ombrophile tropicale sub-montagnarde à
Sloanea caribea, S. dussii, S. massoni, Pouteria pallida, Chimarrhis cymosa, Talauma dodecapetala, Tapura latifolia, Dacryodes excelsa, Prestoea montana, et Micropholis guyanensis.
-Les formations semi-arborées de crêtes volcaniques supérieures à
Prestoea montana, Cyathea arborea, Micropholis guyanensis, Xylosma martinicense, Myrcia deflexa, Inga martinicenis, Charianthus corymbosus, et Myrsine coriacea.
-Les formations basses herbacées d’altitude à
Miconia globulifera, Guzmania plumieri, Pitcairnia spicata, Freziera cordata, Schefflera attenuata, et Charianthus nodosus.
D’autres habitats sont aussi présents, comme les cours d’eau et les cordons forestiers rivulaires, les falaises, les éboulis rocheux, les prairies pâturées, les jardins créoles, quelques parcelles de bananes, de canne à sucre ou de maraîchage, les plages, les milieux marins côtiers, et les îlets.
La forêt est très peu plantée en
Swietenia macrophylla, espèce introduite et exploitée en sylviculture par l’Office National des Forêts. La chasse et la cueillette y sont autorisées dans certaines zones.
Les habitations, cultures, jardins créoles et pâtures sont relativement peu développées à l’intérieur du massif et se concentrent aux basses et moyennes altitudes, sur la moitié sud et est du massif. Le caractère sauvage et préservé de cette IBA, en fait un des principaux pôles touristiques de la Martinique (randonnée, canyoning, etc.).
Pressure/threats to key biodiversity
L’activité humaine est faible sur ce site, du fait qu’une grande partie du massif demeure inaccessible à cause du relief très marqué et de l’absence de voies d’accès.
-Une érosion forte du littoral, naturelle ou due à des effets indirects des activités humaines, altére la qualité des habitats côtiers ;
-La chasse incontrôlée et le braconnage constituent de fortes menaces pour les Colombidés et les Mimidés, dont les populations semblent avoir nettement régressé d’après la diminution des prises et les témoignages des chasseurs ;
-Il existe des menaces de développements touristiques incontrôlés (randonnée, canyoning) ;
-Le rat noir
Rattus rattus, la Mangouste
Herpestes auropunctatus et le Chat domestique
Felix catus exercent une prédation sur les œufs et des poussins des espèces endémiques ;
-Une pollution de certaines rivières est perceptible en aval de leur cours. Elle est causée par les produits phytosanitaires utilisés dans les bananeraies situées en amont;
-Le développement des cultures sur les derniers vestiges forestiers proches du littoral sur la partie nord-est et est du massif menacent les habitats naturels.
Conservation responses/actions for key biodiversity
Les principaux projets de recherche s’appliquent à la botanique. Les inventaires floristiques et la phyto-écologie tropicale sont ainsi assez bien connus.
Aucun inventaire ou programme de recherche ne concernent les oiseaux.
Certains groupes d’insectes font l’objet d’inventaires, mais les informations restent relativement incomplètes par rapport à la diversité spécifique présente. Quelques travaux ponctuels ont aussi été réalisés sur la mygale
Avicularia versicolor, les chauves-souris, les reptiles et les amphibiens. Globalement, un énorme travail d’étude et d’inventaire de la biodiversité reste encore à réaliser.
Conscients de l’intérêt écologique remarquable de ce massif, la communauté scientifique, ainsi que les organismes publiques, ont initié ou réalisé depuis quelques années plusieurs projets de protection des milieux naturels.
Les deux documents fixant la politique d’aménagement à venir de la Martinique, le Schéma d’Aménagement Régional (SAR) et le Schéma de Services Collectifs des Espaces Naturels et Ruraux, préconisent de faire bénéficier ces zones de mesures strictes de protection, même sur les parcelles privées.
Plusieurs mesures de protection concernent déjà ce massif forestier, dont certaines se superposent partiellement :
-Les 2285 ha de la forêt départementalo-domaniale des hauteurs de la Montagne Pelée et gérés par l’Office National des Forêts (ONF) seront prochainement classés en Réserve Biologique Intégrale;
-789 ha de forêts ont été achetés par le Conservatoire des Espaces Littoraux et des Rivages Lacustres en vue d’y mettre en place des mesures conservatoires ;
-Un projet de Réserve Marine est en cours d’instruction sur les milieux marins de la partie nord-ouest du massif ;
-La mise en place d’une Réserve Naturelle Nationale ou Régionale a aussi été préconisée par les botanistes.
Recommended citation
BirdLife International (2024) Important Bird Area factsheet: Forêts du Nord et de la Montagne Pelée (Martinique (to France)). Downloaded from
https://datazone.birdlife.org/site/factsheet/forêts-du-nord-et-de-la-montagne-pelée-iba-martinique-(to-france) on 22/11/2024.