Current view: Text account
Site description (2007 baseline):
Site location and context
Lifou est au centre de l’archipel des Loyauté qui s’étend sur 500 km, selon un axe NO-SE, distant de 105 km de la Grande Terre (et à 225 km du Vanuatu) à l’est et parallèle à celle-ci. Les Loyauté sont des îles coralliennes basses (max 138 m à Maré) constituées de calcaires récifaux et lagonaires kartsifiés au cours des épisodes transgressifs et régressifs marins qui se sont succédés depuis le miocène il y a 9-11 Ma. La superficie de Lifou, la plus grande des Loyauté est de 1150 km². Sa population est de 10 000 habitants (d = 8.7 hab/km²). C’est un ancien atoll annulaire formé aujourd’hui d’un plateau central émergé à 30 m et d’une couronne récifale entre 40 et 80 m d’altitude. Le climat est caractérisé par une faible amplitude thermique autour d’une moyenne de 24°C et une pluviométrie annuelle comprise entre 1200 et 1700 mm. La forêt primaire est étendue et bien préservée sur l’ensemble de l’île.
Le Wetr occupe la partie nord de Lifou sur un peu plus du tiers de la surface de l’île.
Le point culminant de l’IBA est de 53 m au cap Aimé Martin.
La végétation est constituée d’une forêt dense humide, avec une strate supérieure culminant à 15-20 m et caractérisée par des espèces comme Schefflera sp. (Golëp en drehu), Manilkara dissecta (Pö), Syzygium lifuensis (Haoca), Elaeocarpus angustifolia (Hmetewen), Mimusops elengi (Trelewegeth). La strate moyenne comprend notamment divers Diospyros et des lianes. Le sol irrégulier, avec des blocs et des affleurements calcaires est couvert de fougères. La végétation de la couronne récifale est en partie de même composition, et d’autant plus courte qu’elle est proche du bord de mer et plus aux vents.
Les milieux anthropisés comprennent les habitations des tribus, les cocoteraies sur la côte, les jardins mélanésiens en cours de culture ou en jachères plus ou moins anciennes jusqu’au stade de la forêt. La limite entre forêt naturelle intacte et ces forêts secondaires régénérées est d’autant plus difficile à distinguer que les activités humaines ont un peu partout laissé des traces d’occupation : sentiers, coupe de bois, etc.). Ces différents types de végétation se trouvent souvent mêlés en une mosaïque de milieux. Cependant, le Wetr dispose d’une très vaste forêt de belle venue et d’un seul tenant.
Trente espèces terrestres (dont côtières) nicheuses indigènes y ont été observées. Deux espèces de limicoles fréquentent principalement les côtes et prairies rases : la rare Barge rousse Limosa lapponica et le commun Pluvier fauve Pluvialis fulva. L’Hirondelle messagère Hirundo neoxena est régulière.
Quelques oiseaux marins non nicheurs y sont observés : Mouette argentée Larus novaehollandiae forsteri et Sterne huppée Sterna bergii cristata. Des frégates, probablement la Frégate du Pacifique Fregata minor palmerstoni sont observées régulièrement et pourraient même nicher dans le sud de l’île (hors IBA) au Cap de Flotte (Stéphane Utihimi, comm. pers. 2006).
Au total, 36 espèces ont été observées à Lifou dont 30 nicheuses. Toutes sont présentes dans l’IBA et la plupart y sont communes. Le Merle des Iles (ou de Lifou et du Vanuatu) n’a par contre pas été rapporté depuis 1912 (Sarasin 1913) et n’a pas été contacté lors de l’inventaire de l’IAC de 1999-2000, alors que certains témoignages évoquent sa présence. Les écrits sur l’espèce, qui n’a pas été contacté formellement depuis 1912, font état de sa présence possible dans les forêts de la région de Jokin et dans celles entre Jokin, Mucaweng et Hnacaöm où il faudrait le rechercher en priorité. Toutes les espèces terrestres d’intérêt sont communes dans le Wetr avec des fréquences d’occurrence très élevées pour les deux Zostérops endémiques : 67 % des 166 points d’écoute pour le Zostérops de Lifou et 81 % pour le Zostérops minute, l’espèce la plus commune (devant la Gérygone mélanésienne, le Ptilope de Grey et le Myzomèle cardinal). Ces deux espèces sont aussi très ubiquistes et se retrouvent avec une fréquence quasi égale dans tous les milieux, un peu moindre cependant pour le Zostérops de Lifou dans les milieux les plus anthropisés, surtout les cocoteraies. Cela témoigne de l’adaptabilité de ces oiseaux. Le taux d’occurrence des autres espèces est également élevé, les deux espèces les moins communes étant le Stourne et l’Echenilleur des Loyauté (15 % des points).
Il est remarquable qu’aucune espèce exotique ne soit établie à Lifou (ni d’ailleurs sur les autres Loyauté) alors qu’il y en a 14 sur la Grande Terre. Notons que des essais de translocation de la Perruche d’Ouvéa Eunymphicus uvaeensis à Lifou ont échoué (15 oiseaux lâchés entre Hapetra et Doueoulou le 11 septembre 1963 par le Service des Eaux et Forêts), possiblement en raison de la présence de Rats noirs à Lifou (absent d’Ouvéa).
Les oiseaux côtiers et marins, nicheurs ou migrateurs sont peu représentés en diversité et effectifs. L’intérêt de l’IBA est essentiellement dû à la présence et à l’abondance des oiseaux terrestres endémiques au niveau spécifique (les deux Zostérops) et sub-spécifique ou à répartition restreinte (12 espèces).
Non-bird biodiversity: La Baie du Santal est un site naturel de grande beauté, en particulier vu de la chapelle Notre Dame de Lourdes à Easo qui offre un point de vue exceptionnel. Le site de Jokin au sommet de falaises imposantes est aussi un point de grand intérêt paysager. Les forêts humides sont bien conservées et des sentiers les parcourent, reliant tribus, jardins, plantations (vanilles, cultures vivrières), et aboutissant à des dégagements visuels sur la mer (plage sud du cap Aimé Martin par exemple). De tels ensembles constituent des arguments éco-touristiques de premier plan.
Notons l’existence d’un palmier endémique Cyphophenix nucele (par ailleurs le seul palmier des Loyauté) sur une seule station connue, à Jozip (au sud est de l’IBA, hors de celle-ci).
Pressure/threats to key biodiversity
Parmi la faune, roussettes et Pigeons sont chassés, le plus souvent toute l’année, en dépit de la réglementation. Ils sont de plus vendus au marché (de Wé notamment) ce qui est également en infraction avec la législation sur la chasse. Cette chasse touche essentiellement la roussette et le Pigeon à gorge blanche Columba vitiensis dont la relative rareté (6 % des points) est peut-être à mettre en relation avec la pression de chasse. Elle concerne aussi le Carpophage Pacifique Ducula pacifica (7.8 % des points) espèce à très large répartition dans le Pacifique mais connue seulement de Lifou pour la Nouvelle-Calédonie (une seule observation sur Ouvéa) et qui de ce fait devrait être protégée. Le suivi de l’évolution des effectifs de ces deux Columbidés se justifierait.
Autre espèce à surveiller, le Diamant de Kittlitz Erythrura trichroa qui a une large répartition, jusqu’en Malaisie et Indonésie, et dont la sous espèce cyanophrons est propre au Vanuatu et aux Loyauté. Il est rare à Maré et Lifou et y atteint sa limite la plus méridionale. Des captures de ce petit passereau granivore comme oiseau de cage ont eu lieu dans le passé et doivent être prohibées. Enfin, une étude spécifique du Merle des Iles doit être entreprise pour préciser son statut, et au cas où il serait toujours présent, pour évaluer et juguler les menaces qui pèsent sur sa survie.
Recommended citation
BirdLife International (2024) Important Bird Area factsheet: District de Wetr à Lifou (New Caledonia (to France)). Downloaded from
https://datazone.birdlife.org/site/factsheet/district-de-wetr-à-lifou-iba-new-caledonia-(to-france) on 23/12/2024.